Paysage algérien, le ravin de la femme sauvage, 1881 ; Renoir

Huile sur toile, 65.5 x 81 cm (M)

Musée d’Orsay, Paris

 

Renoir voyage en Algérie en 1881, à la recherche du soleil et de l’exotisme oriental , quête traditionnelle chez les peintres français du XIX° siècle et qu’avait mis à la mode Delacroix. Les lettres écrites au cours de son voyage témoignent de son enthousiasme pour le pays : la fertilité de la terre, la douceur du climat, l’opulence de la végétation. Là il s’est épris de la lumière et s’est spécialement intéressé au paysage. Il  s’intéresse surtout aux paysages des environs immédiats d’Alger, en particulier ceux des alentours du Champ de manœuvres à Mustapha inférieur où il réside, juste au sud de la ville. Quelques-uns de ses tableaux représentent la mer vue des collines, mais Le ravin de la femme sauvage nous montre un motif plus clos. Le motif sans personnage semble isolé et étrange, mais il était en fait d’accès facile : c’est une étroite vallée qui conduit vers la mer à partir de Birmandrais (Bir Mourad Rais), à près de eux kilomètres dans les terres depuis la résidence de Renoir. En réalité, le nom de ce ravin, loin d’évoquer un passé bizarre, rappelle, semble-t-il, une « jeune dame nullement timide qui tenait un café restaurant dans ce ravin, peu après la conquête française ». 2videmment cette vallée fut envahie par des constructions et un tramway l’année même qui suivit celle om Renoir peignit ce tableau. L’année suivante le peintre tombe malade et pour se rétablir de la grave pneumonie, il retourne à l’Algérie entre les mois de mars et d’avril.

La végétation exotique constitue le sujet principal de cette peinture –vraisemblablement le mélange des figuiers de Barbarie et des aloès. Les feuillages et la lumière sont rendus par des touches de couleurs librement disséminées ; tantôt ce sont de délicates taches de couleurs, tantôt de petites ombres, avec des éclats de rouge et d’orange dans les lumières. Mais cette animation de la matière est étayée par une structure picturale tout à fait orthodoxe, encadrée par le feuillage, en haut à gauche, et la colline, à droite, tandis que l’effet de profondeur est donné par un arc amorcé par les aloès audacieusement esquissés.

Il a effectué cette scène, un des meilleurs exemples du chemin auquel menait l’impressionnisme en s’intéressant à des effets de lumière, d’atmosphère et de couleur et abandonnant le volume et la forme. Le paysage est tiré directement de la nature, Renoir s’intéressant – tout comme Monet ou Pissarro – à recueillir la lumière d’un moment déterminé du jour, ce qui provoque la manifestation d’une masse chromatique différente à chaque moment. Les touches sont rapides et pâteuses précisément pour recueillir le dit moment luminique, en utilisant de courtes touches de couleur qui dotent la composition de l’aspect d’une mosaïque. Une autre des caractéristiques de l’impressionnisme sera l’emploi des ombres coloriées et des couleurs complémentaires qui au lieu de se mélanger dans la palette le font sur notre rétine.

Cet article a été publié dans Paysages datés. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire